Dans le froid d'un hiver
Sous son manteau de blanc
Se promène un enfant
Aux yeux couleur de terre.
Son souffle est chaud et doux
Ses bras ondulent comme l'air
Et c'est toute la misère
Qui s'efface des faubourgs
Sous ses pas rien ne crisse
Derrière lui nulle empreinte
Dans la nuit presque éteinte
Où il traîne sa pelisse
C'est l'enfant du printemps
Qui annonce la verdure
Dont le vêtement capture
Les flocons hésitants
De ses longs cheveux blancs
S'échappent des gouttelettes
Qui deviennent tempête
Ou flux des océans
Sous lui la terre verdie
Toutes les mousses s'étal
Devant mes yeux, le vert chatoyant des feuillages
Arrache de mes iris la langueur de l'hiver.
Tout me paraît plus vif, plus vibrant, plus sauvage
Alors que dans l'air doux passe l'odeur de la terre.
Le soleil joyeux danse au centre du ramage
Tachetant mes vêtements de teintes opaques et vives.
Le murmure tendre du vent m'invite au voyage
Mais le cri d'une pie, de mes rêves me prive.
Et tendrement j'enserre l'herbe entre mes orteils,
Je caresse l'écorce rugueuse du grand chêne,
Et je ne fuis plus, loin des bourdonnements d'abeilles
Qui, petites travailleuses, transportent le pollen.
Comme dans une baignoire
Il y avait sur cette terre un nuage de poussière.
Une poussière froide et grise qui bouffait la lumière.
Des ombres s'élançaient au travers de cette nuit,
Ames en peine égarées dans un lourd infini.
Le gris emportait tout dans la poussière volante,
Les marchés, les parvis, les paysages, les plantes.
Tous les hommes revêtaient un costume de grisaille
Reflet de leurs esprits que les tourments cisaillent.
A côté de cette brume, se tenait une enfant,
Observant l'aquarium de ce monde latent.
Elle le frôla du doigt, sentant toute sa froideur
Et préféra rester dans
Vent qui souffle et s'élève
Vent qui conte et enlève
Des petits morceaux de vie
Des histoires, des écrits
Ouvre grand ton âme au vent
Conteur, charmeur, si vivant
Ouvre tes oreilles d'enfant
Aux murmures doux du vent
Mille et une nuit, un jour
Démons, fantômes, vautours
Et un autre c'est l'amour
Emporté par son velour
Vent doux ou fort, froid ou chaud
Bise, ouragan, sirocco
Mille facettes il revêt
Pour nous conter son pamphlet
Car le vent est après tout
Porteur de cris et de coups
Faiseur de veuves et de fous
Frondeur de nos vies, nos goûts
Pierres droites et froides sur la colline
S’animant jours et nuits de chairs et d’os
Abri contre pluies et grêles, câlines
Belles et utiles, voûtes du château
Se dressent là fièrement
Sous le Soleil et les vents
Chantent, chantent leur amour
Des prés et des paysans
Mais dans le noir grandissant
Ne voient pas les grandes ailes
Et les lames de feu tombant
Trop tard quand elles se révèlent
Pluie de napalm effronté
Chaleur ne peut pardonner
En leur sein les cœurs déchus
Font une bien triste fondue
Et dehors c’est la cohue
C’est la ville qui
Liés par les tourments,
Du malheur, les enfants,
Deux êtres, une part entière,
Recherchant leurs repères
L'un d'eux, des Dieux prisonnier,
Par l'ambition détrôné
Nourrissant son flot de haine
Par les sursauts de sa peine
L'autre, uni et serviteur
Chassant pour son maître en fureur
Lien entre deux mondes isolés,
Reflet cherchant à être aimé
Pour eux, nul pardon n'est arrivé
Des dieux ou des hommes de cette contrée
Dans leur enfer, sans cesse malmenés
Ils perdent le coeur, parti en fumée
Êtres impardonnables, moisissures des Dieux,
Fléaux sans nom, pendards, fous insidieux
Enfermés, toute leur vie, seuls dans l'oubli
Seuls
Des bruits, des coups, des flashs, des cris,
C'est tout ce qu'il pouvait entendre dans la nuit.
Lui, jeune enfant, perdu dans sa propre ville.
Lui, qui aurait aimé sortir de son corps puéril.
Il aurait voulu se battre et abattre,
Mais avec la peur on ne peut débattre.
Il essayait de se lever de ce sol poussiéreux
Bloqué, essoufflé, compressé, miséreux.
Les rafales se rapprochaient en s'amplifiant
Et un éclair lumineux se posa sur l'enfant.
Devant ses yeux vitreux un soldat se tenait
Son arme braquée sur lui le tenait en respect.
Il se leva lentement fixant le noir canon
La terreur
Par une nuit glaciale et morne
Sous le couvercle d'une tombe que seule la poussière orne
Des os blanchis et morcelés s'agitent en grand bruit,
Prêts à réveiller les morts, les ramener à la vie.
Des mains de squelettes font tomber la pierre.
Ah non, c'était des pieds, il était à l'envers.
Autour de ses orbites s'étale du sang séché ;
Le squelette est une dame, elle s'est bien maquillée.
Et dans tout le cimetière la scène se reproduit.
Smoking rapiécés, papier de verre pour os blanchis.
On s'échange les astuces pour être sur son 31
Car vous